Cette cagnotte sert à soutenir un projet scientifique de recherche fondamentale sur le cincle plongeur qui, faute de soutien financier, risque de s’arrêter en cours de route...

Photographie: Alizé Riou

Une étude scientifique sur un indicateur peu connu de la santé des rivières de montagne

Nous le savons tous maintenant, les changements que les activités humaines ont engendrés sur notre environnement, à l’échelle planétaire comme locale, menacent la plupart des espèces sauvages dans leur milieu naturel. Pour préserver la biodiversité qui nous entoure, en prenant des mesures adaptées et efficaces, il nous faut comprendre comment les espèces interagissent entre elles et avec leur milieu, ce que la recherche scientifique en écologie tente de faire… En particulier, les rivières sont un milieu naturel spécifiquement sensible et fragile, susceptible de subir de grandes modifications à cause du changement climatique, entre crues et sécheresses, mais aussi soumis depuis des centaines d’années aux pollutions liées aux activités humaines.

C’est dans ce contexte que s’est mis en place un projet de recherche qui s’intéresse à une espèce peu connue chez nous, mais particulièrement intéressante pour nous donner des informations sur le fonctionnement de l’écosystème des rivières et les risques auxquels il est soumis…

Présentation d’un passereau un peu fou…

Cette étude a pour modèle biologique le cincle plongeur (Cinclus cinclus). Il s’agit d’un petit oiseau appartenant à la grande famille des passereaux, les oiseaux chanteurs. Il vit exclusivement dans les rivières d’eau courante, plutôt en montagne ou vallons montagneux, sur toute l’Eurasie et en Afrique du Nord. Il se nourrit essentiellement de larves d’insectes aquatiques, de petits mollusques, des crustacés et plus rarement de têtards et petits poissons. Sa technique de chasse consiste à plonger dans le courant puis à marcher au fond de la rivière en s’accrochant aux cailloux grâce à de puissantes griffes. Il peut rester en apnée et nager sous l’eau même en plein cœur de l’hiver, dans une eau presque glacée. C’est le seul passereau à plonger, nager et marcher sous l’eau !

Pour résister à l’eau et au froid, il a un plumage très dense qu’il rend imperméable en l’enduisant régulièrement de sécrétions huileuses produites par une glande que tous les oiseaux ont, la glande uropygienne, mais qui est chez lui beaucoup plus grosse que chez les autres passereaux.

Il fait son nid dans les anfractuosités de rochers, sous des racines, dans les zones où l’homme est présent, sous les ponts, et même sous les cascades qu’il traverse régulièrement pour nourrir sa progéniture. Le cincle plongeur est donc particulièrement adapté à la vie dans l’eau !

Photographie : Bastien Perreuil

Qu’étudions-nous chez cet oiseau…

L’étude porte sur plusieurs thématiques, à la fois pour mieux comprendre cette espèce encore mal connue et comment elle s’adapte aux changements dans son milieu, mais aussi parce qu’elle représente un indicateur de la santé du milieu dans lequel elle vit :

Le cincle plongeur étant un prédateur d’invertébrés aquatiques, il est situé en haut de la chaine alimentaire, et il peut ainsi donner une indication précise des niveaux de pollution dans les rivières. En effet, la concentration en polluants va s’accumuler petit à petit de niveau en niveau le long de la chaine alimentaire. On va donc pouvoir mesurer les polluants présents dans l’organisme des cincles pour quantifier la pollution présente dans les rivières, mais aussi ses effets biologiques réels sur la survie, la reproduction, les processus physiologiques… des êtres vivants dans cet écosystème fragile. Le cincle est ainsi considéré comme un bioindicateur des rivières, et peut aider à optimiser les mesures de protection ou de restauration de ces milieux. Il nous renseigne aussi sur les mécanismes par lesquels ces polluants impactent les êtres vivants dans la nature.

Parce que le cincle plongeur est strictement lié aux rivières, ses mouvements sont très contraints dans l’espace, au contraire de nombreuses espèces qui peuvent se déplacer dans toutes les directions. On peut considérer que le cincle plongeur a évolué depuis des millénaires dans un milieu naturellement fragmenté, alors que de nombreuses espèces subissent cette fragmentation de façon récente, à cause des activités humaines. Ainsi, le cincle plongeur peut nous apprendre beaucoup sur l’évolution des mouvements des individus en milieu fragmenté, que ce soit pour explorer le milieu de façon temporaire ou pour trouver un site où s’installer pour de bon. Comprendre ses déplacements permet donc d’acquérir des connaissances nouvelles sur la façon dont les mouvements peuvent aider à s’adapter aux contraintes de l’environnement.

Le cincle plongeur présente une particularité assez rare chez les espèces d’oiseaux de nos régions : alors que chez la plupart des autres espèces, seuls les mâles chantent et paradent pour attirer les femelles, chez le cincle les femelles chantent et paradent aussi ; elles ressemblent en tous points aux mâles, étant simplement un peu plus petites, et en particulier elles présentent elles aussi un plastron blanc sur leur gorge. On suppose que chez le cincle, les deux partenaires se choisissent, car ils vont rester ensemble tout au long de leur vie et assurer ensemble l’élevage de leurs jeunes. Ce système de choix de partenaire mutuel est assez peu répandu. En explorant comment ce choix s’opère chez les deux partenaires, en particulier si les oiseaux utilisent le plastron et les autres parties du plumage pour choisir l’âme sœur, on peut ainsi mieux comprendre à partir du cincle plongeur ce type de mode de reproduction et comment il influence le succès de la reproduction à venir.

Bien d’autres thèmes sur la physiologie de cet oiseau si particulier, l’influence de l’altitude et des changements climatiques, les différences de comportement en fonction de la présence humaine… peuvent aussi être abordés à l’aide des données récoltées dans notre étude !

Le projet repose sur le suivi à long terme de la population de cincles plongeurs sur le Massif de la Chartreuse et ses alentours, sur un total de 11 bassins de rivières et leurs affluents, couvrant une zone d’environ 1000 km2. Ces bassins diffèrent en particulier dans le niveau de présence humaine, dans le degré et le type de pollutions potentielles en fonction des activités humaines présentes mais aussi passées, dans l’altitude, etc. Depuis 2015, le suivi de cette population de cincles implique chaque année :

la capture des adultes présents sur les rivières (grâce à des filets spéciaux), qui sont identifiés individuellement (grâce à des bagues), mesurés et échantillonnés pour récolter toutes les informations sur leur âge, leur condition physique, leur niveau de stress, et pour pouvoir mesurer les polluants présents dans leur organisme ;

Photographie: Bastien Perreuil

le suivi des nids, à la fois en sites naturels (rochers, cascades…) et en nichoirs (plus de 300 nichoirs posés sur l’ensemble des rivières), avec la récolte des données majeures de reproduction, en particulier la date de la ponte et de l’éclosion des œufs, nombre d’œufs pondus et de jeunes à différents stades de croissance, condition physique des jeunes, succès à l’envol, et si les parents font une seconde ponte.

Photographie: Simon Milliet

Ces opérations de terrain sont réalisées de janvier à juillet par une équipe impliquant une douzaine de personnes en permanence pendant 5 à 6 mois chaque année, dont des chercheurs et techniciens du laboratoire de recherche directement impliqué, des volontaires en service civique (en partenariat avec le Parc Naturel Régional de Chartreuse), des bénévoles, et des stagiaires en études de biologie et d’environnement, de niveau BTS, licence, master, qui se succèdent sur la durée de la saison). Les deux phases du suivi, sur les adultes et sur les nids, permettent de collecter les informations sur l’activité et le devenir des cincles plongeurs tout au long de leur vie dans la population, et ainsi d’accéder à différents paramètres détaillés, sur le comportement, la démographie, la physiologie de ces oiseaux.

Au-delà d’une étude scientifique, un créateur de liens d’amitié….

Ce travail de terrain permet chaque année de regrouper une équipe de stagiaires de différents niveaux et horizons, géographiques et universitaires, avec des expériences différentes et souvent complémentaires, soudés autour d’un même projet scientifique. Cette équipe partage non seulement la vie quotidienne, en vivant sous un même toit, mais aussi les difficultés pratiques mais néanmoins sportives (affronter les piscines et courants des rivières d’altitude, aller chercher les nids dans des berges un peu acrobatiques ! ) et surtout les moments passionnants – quoi de plus excitant que de trouver enfin un site de nidification que les équipes ont longtemps recherché en vain ! Et semaine après semaine, à côté de cette incroyable aventure scientifique et professionnelle, se développe en parallèle pour ces jeunes étudiants une autre aventure, sociale et humaine tout simplement extraordinaire ! Grâce à ce stage, des liens forts se sont créés au sein d’équipes soudées et enjouées devant l’adversité, au cours de toutes ces années. Cette aventure a permis à nombre de ces étudiants et volontaires de construire des souvenirs merveilleux, et ils souhaitent et espèrent à présent que d’autres générations d’étudiants pourront aussi vivre cette superbe et passionnante expérience.

Projet en péril…

Hélas, comme beaucoup de projets de recherche fondamentale en écologie, qui ne génèrent pas de profit économique direct, les financements nécessaires pour assurer le suivi de la population et les analyses en laboratoire sont très difficiles à trouver. La session de terrain de l’année prochaine risque ainsi de ne pas avoir lieu faute de financement pour couvrir les frais de logement et de déplacement pour l’équipe, et pour le matériel nécessaire. Cette situation critique fait en plus suite à une année 2020 très difficile à cause du premier confinement, qui avait bloqué une grosse partie de la session de terrain… Après une très belle session 2021, le projet risque donc de s’arrêter en cours de route…

Pour continuer le projet scientifique et financer la saison de terrain 2022 à venir, nous faisons donc appel à votre générosité ; les dons serviront à assurer en particulier le logement de l'équipe et les déplacements pour capturer les adultes et suivre les nids.

Pour continuer cette belle aventure, nous avons besoin de vous !

En remerciement de votre soutien :

Pour un don de 40 € ou plus, nous vous enverrons une photographie de cincle prise dans notre population d’étude, sur papier brillant (tirage de 21 x 29 cm, au choix : cincles bagués ou non bagués, dans leur milieu naturel).
Pour un don de 60 € ou plus, vous pourrez participer à une conférence soit à distance soit en présence directe (organisée dans la région de notre site d’étude, et en fonction des conditions sanitaires en vigueur)
Pour un don de 200 € ou plus, vous pourrez participer à une journée de terrain avec notre équipe pour mieux comprendre notre travail au jour le jour !

De plus, pour n’importe quels dons, vous recevrez aussi une newsletter pendant le projet vous expliquant les actions et anecdotes du mois encourue.

Et pour chaque don, quel que soit son montant, nous vous remercions très chaleureusement pour le soutien que vous apportez à notre projet !

Projet cincles plongeurs 2022

Projet cincles plongeurs 2022