"Le Fleuve” conte la disparition du grand frère à travers le regard et les mots d’une petite fille ; nature, famille, petite enfance, mort, manque, sont évoqués dans un texte où la poésie console de la tragédie. Le spectacle, porté par la toute jeune Audrey Pericard pour la compagnie Art'aire studio, est mis en scène et interprété par Bérengère Basty ; sera représenté à Paris et en tournée en France à partir de 2019.

→ L'histoire

Il y a 3 ans, à Mons, lors de la création de Wajdi Mouawad "le dernier jour de sa vie", Sylvie Drapeau me lit son 1er roman.

"Le fleuve" conte la disparition du grand frère Roch.
Noyé dans le Saint Laurent, sous les yeux de toute la fratrie.

Alors le deuil pulvérise la famille, la lumière déserte pour toujours les yeux de la mère, et c’est la fin de l’enchantement. L’enfance n’est plus abri.
Et où trouver l’émerveillement lorsque « c’est fini la joie »?

Le spectacle déroulera, avec tendresse et simplicité, le chemin qui amènera l’enfant dans l’œil du cyclone.

Ce chemin où le terrible, ici transcendé par la poésie, devient force profonde.

Car la poésie console ; elle sauve du désespoir.

Bérengère Basty

→ Un extrait

« Ce jour-là, du haut de la côte, on voyait le fleuve,
majestueux, baigné de lumière scintillante,
c’était une splendide journée d’été.
C’était la marée basse.

Ce jour-là, des enfants couraient sur le sable, revenant du large.
Ils criaient comme des mouettes.
Du haut de la côte, ça devait même être joli.

On ne pouvait pas reconnaître la vérité de si loin.
Ce n’était pourtant pas un jeu.
Ils étaient affolés, les enfants.
Ils étaient terrorisés. »

→ Les intentions de mise en scène

L’écriture de Sylvie Drapeau est très sensuelle ; on voit les choses, on les sent, on les goûte, on les palpe et on les découvre avec elle : le Saint Laurent, la forêt, les saisons.

Ce qui m’intéresse n’est pas d’illustrer le texte, mais plutôt de faire résonner les mots, de faire vibrer les images qu’ils révèlent.

La scénographie sera la plus subtile possible.
Dans cette bulle tragique et poétique, il n'est pas nécessaire d’inventer un lieu ; ce sont les éléments tels que l’eau, la terre et la végétation, la pierre, qui seront présents au plateau.

Les costumes seront le reflet des états intérieurs de la petite fille ; ils indiqueront ce qu'elle ne sait pas dire.

Et des objets clins d’œil se transformeront, se déplaceront, s’évanouiront, grâce à la magie, devenant petits sujets d’émerveillement, pour que la rêverie ne s’efface pas devant la réalité douloureuse de ce qui est conté.

Les lumières isoleront ou accompagneront celle qui est sur scène ; les ombres grandiront.

Le langage sonore, essentiellement fait de percussions, ponctuera le récit ; sans ligne mélodique, parfois coups de poing, parfois presque frémissements, il sera une part du langage émotionnel de la comédienne.

Enfin une voix off sera présente, douce et intense, celle de Sylvie Drapeau, l’auteure ; pour que la réalité et la fiction se confondent.

Mon désir est de composer, par la superposition de ces éléments, une polyphonie inspirante plus qu’évocatrice.
Pour approcher la joie, l’espoir et cette légèreté nouvelle qui adviennent après le tragique.

→ La fabuleuse équipe

Matteo Nocera : Création Musicale

Diane Lagorce : Scénographie

Raoul Fernandez : Création costumes