Nous sommes très heureux de vous présenter ce projet, auquel nous tenons beaucoup !
Bouquinistes de Paris est le quatrième ouvrage d'Irène Jonas aux Éditions de Juillet.

Libraires à ciel ouvert, descendants des colporteurs ambulants de l’Ancien Régime, personnages indissociables des rives de la Seine, les bouquinistes de Paris s’étalent sur trois kilomètres. Mis à mal par les ventes sur internet, la pandémie et les menaces de déplacement, ils survivent envers et contre tout. Sur le quai de la Tournelle, au début du boulevard Saint-Germain, existe un petit groupe d’irréductibles. Bouquinistes ils sont, bouquinistes ils resteront, refusant de céder au chant des sirènes de tours Eiffel miniatures et colorées.

IRÈNE JONAS Bouquinistes de Paris Les derniers des Mohicans Les Editions de Juillet

Il y a quelques années, Irène Jonas a décidé de réaliser une étude sociologique et photographique sur ces « derniers des Mohicans » ; plutôt que d’arpenter les quais, elle a choisi de se poser régulièrement, avant et après le covid, sur un banc du quai de la Tournelle. Passer du temps sur un même lieu, pouvoir observer leurs pratiques, se faire accepter, rencontrer leurs acheteurs et pouvoir les accompagner dans leurs recherches d’ouvrages, telle a été la démarche de la photographe.
Au croisement de la sociologie et de la fiction documentaire, Irène Jonas brosse le portrait de ces acteurs incontournables de la vie culturelle et patrimoniale parisienne.

Ce travail a été entamé dans le cadre d'une Masterclass à l'agence VU', et s'est achevé avec l'aventure du Bal des Rejetons.

Bouquinistes de Paris est le fruit de ce travail au long cours : extraits d’entretiens et textes documentaires ou historiques alternent avec des photographies noir et blanc empreintes de mystère et de la nostalgie d’un Paris intemporel.

« Les bouquinistes au bord de la Seine participent à l’élaboration de cette image d’une ville hors du temps. C’est cette ville éternelle que louent tant d’artistes, peintres, écrivains ou chanteurs. » (Edith Fagnoni, 2009).

viens presque depuis l'enfance, disons Ma grand-mèrc, de guerre, habitait le Berry mais venait passer l'hiver à Paris avec nous. Elle nous emmenait voir les monuments, le du Père Lachaise et les bouquinistes. Pour moi les bouquinistes ça partic de ma vie, évidemment chez moi je marche sur les livres et je continue à en acheter. Alors j'en donne, j'en mets dans les j'en offre aux bibliothèques. J'appartiens à une génération où on lisait je suis reconnaissante à ma famille de m'avoir donné le goût de la lecture, Qu'est-ce que j'aimais couper un livre avant de le découvrir ! Parfois quand je trouve un livre ancien qui n'est pas coupé, je l'achète juste pour le plaisir. Mes enfants, ils ne lisent pas beaucoup et les petits enfants presque plus sauf les albums illustrés. On se demande ce que devenir tout ça... dans le Berry, j'ai vu disparaître tous les Une bouquineuse 50 51

Extrait

" S’il devait définir son métier en un seul mot, ce serait celui de passeur. Ce sont les rencontres qui l’ont tenu toutes ces années sur les quais, plus que toute autre chose… Ces rencontres imprévisibles avec une personne inconnue et les discussions à bâtons rompus qui s’ensuivent. Peu importe qu’elle achète ou non. Aujourd’hui, son plus grand bonheur est de vendre un bon bouquin à un jeune qui a la vingtaine. Malgré les sirènes de police et le vrombissement des moteurs dans son dos, il sourit… Faire un métier comme le sien n’a pas de prix, même s’il a un coût quand la maladie survient…"

J e pourrais vous la jouer Lavilliers, style ma carrière dans un Jc encore ccs boîtes à livres qui se développent un partout audacieux, il y avait de la cervelle par terre, les flics étaient ner- dans lesquelles les livres circulent gratuitement. veux... Désolé, j'ai passé trop de temps dans la boîte de Pascal dit Le soldat dont une grosse partie du stock concerne la musique des années 70-80 et mes J'en étais où ? Ah oui... ces années remisées chez l'éditeur. Pas grand-chose à en dire pages sont pleincs de la vie des chanteurs rock, pop, français ou étrangers. à part un profond ennui. À force d'être dans le noir, on ne voit plus le temps passer. Jusqu'au jour où j'ai senti qu'on m'attrapait et qu'on m'emmenait dans un autre Sur les quais, je fais figure de jeunot. Tout a commencé par une très mauvaise carrière, local. Le périmètre de la rue Dauphine et de la rue Mazarine, ça vous dit quelque je me suis mal vendu, comme la plupart des artistes me direz-vous, et je suis tombé chose ? C'était le coin des soldeurs d'édition. Je me suis retrouvé dans une sorte de rapidement dans l'oubli malgré les quelques articles de presse qui avaient mentionné boutique avec pas-de-porte, un endroit plutôt chouette, enfin, surtout pour les livres ma sortie. Les stocks invendus ont été retournés à mon éditeur qui m'a oublié dans comme moi qui se soucient peu du confort et de la déco. On était posés sur des un carton après la décision d'un arrêt de commercialisation. tables, en pile par terre, sur des étagères en cornières, un bordel incroyable, mais une ambiance top ! Dans mon malheur, j' ai eu de la chance, pu finir au pilon. Imaginez, entre 2018 et 2020, vingt-six mille trois cents tonnes de livres ont été pilonnées. Vous ne J'y ai croisé des livres que je n'aurais jamais rencontrés dans un autre lieu. Certains trouvez pas ça étrange que l'on parle de nous en kilos, c'est assez péjoratif de traiter étaient là depuis un moment, ils m'ont raconté comment à leur époque les camion- les livres comme des patates, même si je n'ai rien contre les pommes de terre. Un nettes se succédaient et des cartons bourrés repartaient dans de petites librairies pote, qui est dans la même boîte que moi sur les quais m'a dit qu'à il avait d'occasion en province. Mais ça, c'était avant que ces rues ne deviennent piétonnes vu une pancarte sur les étagères un euro le kg de livres. J'ai beau pas avoir une et que le livre d'occasion ait de moins en moins de place dans le sixième arrondisse- très haute opinion de moi, je n'aime pas trop qu'on nous traite comme de vulgaires ment. Les soldeurs d'édition où les bouquinistes étaient sûrs de trouver de bons 30 31

Le livre

Parution : fin avril 2024 à 500 exemplaires
Format : 190 x 245 mm
128 pages, ± 80 photographies
Couverture souple, reliure suisse
Prix public : 39 €
Photographies et textes : Irène Jonas
Design graphique : Yves Bigot

L'autrice
Par ses métiers de sociologue et de photographe, l’écriture et l’image ont toujours été présentes dans la vie professionnelle d’Irène Jonas. Toutefois, elle s’est affranchie de l’écriture sociologique et du reportage photographique afin d’élaborer, depuis une dizaine d’années, une forme d’expression personnelle axée sur la fiction documentaire et la photographie plasticienne.